Jean-Antoine Charles LECOUR est né le 12 mai 1808 à Oissery, commune de Meaux, en Seine et Marne. Élève de Michel Casseux, et montrant des aptitudes réelles, il fit des progrès très rapides. En 1830, Il était professeur et tenait une salle rue du Faubourg Montmartre, puis prit la salle du passage de Panorama. Lors d’un assaut Outre-manche chez Lord Seymour, Lecour rencontra Owen Swiff, qui habitué au ring, prit une supériorité immédiate. Loin de se laisser décourager par cette défaite, Lecour décida de prendre des leçons avec un anglais : Adams.
Réunissant la Boxe Anglaise et la Savate, Lecour forma ce que l’on appela, à juste titre la Boxe Française, et fit florès à Paris, donnant des cours à toute l’aristocratie, et notamment à Théophile Gautier et Eugène Sue qui écrivait :
« Un homme instruit en B.F. se défend des pieds et des mains et frappe avec les quatre membres comme avec quatre fléaux. »
En 1848, Charles Lecour cède sa salle à son frère Hubert Lecour, pour se mettre dans l’industrie. En 1875, il fut nommé professeur de Boxe Française, en 1884, il cesse de donner des leçons. Il a 76 ans. Il meurt à Epinal à l’âge de 86 ans.

L’ORIGINE DE LA SAVATTE :

Aux origines de la Savate, les méthodes d’attaque et de défense, enseignées par les maîtres de la savate se composaient de tous les coups utilisables en combat de rue : percussions de la tête, des mains, des poings, des avant-bras, des coudes, des genoux, des jambes et des pieds auxquelles venaient s’ajouter des techniques de saisies, de clés, de ramassements, de passements de jambes ou d’enfourchements, complétées d’immobilisations et de projections.
Du fait de leur terrible efficacité, ces formes techniques, dites « anciennes, particulières ou annexes » sont interdites par le règlement fédéral actuellement en vigueur en Boxe Française Savate, bien qu’elles fassent toujours partie de son patrimoine.

Si la boxe anglaise apparaît en tant que telle au 14ème siècle, survivance du Pugilat romain (Pugilatus : combat à coup de poing), les Français quant à eux auraient conservé les techniques du Pancrace grec (Pankration : de Pan , tout et Kratos force) qui combinait la lutte, le pugilat et toutes les techniques non orthodoxes pouvant aller jusqu’à occasionner la mort.

1790 :
Les marins français et génois utilisent une méthode de combat pendant leurs loisirs, la boxe française savate s’appelait alors la « savate » ou le « chausson ». Sport de combat utilisant pieds et poings, elle développe l’équilibre, la souplesse et la maîtrise de soi. A la portée de tous, la boxe française savate est une véritable gymnastique du corps et de l’esprit. Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Hemingway, ont pratiqué la boxe française. Au 19 siècle, la France possédait deux styles de combat : le Chausson au sud et la Savate au nord.

1847 Historique de l’entraînement :
Un boxeur s’entraîne comme un cheval. Le sujet en train doit se lever à 06h00 et se coucher à 21h00 ; au sortir du lit, il prend un œuf cru, sans défaire le jaune, dans un demi-verre de Xérès. Puis, il fait une promenade de 3 kilomètres avant de déjeuner et une pareille après.
Les promenades au pas doivent être entremêlées de petites échappées de 200 m à toute vitesse pour amener une suée que l’entraîneur sèche immédiatement en frottant énergiquement le pugiliste.
Après cette promenade, on doit se livrer à un exercice modéré, tel que bêcher la terre, rouler une brouette, sonner des cloches. Pour l’alimentation, les spiritueux, le lait, les soupes, tous les ragoût et les aliments épicés les viandes grasses sont rigoureusement interdits.
L’entraîné ne doit point fumer, n’entrer dans les endroits où l’on fume.
Il ne doit point être marié et l’entraîneur couche dans sa chambre pour interdire l’accès à toute femme.
Texte tiré d’un article de Charles de Matharel « le Siècle » 16/08/1847.

1852 Savate et armée :
Apparition de la boxe Française savate à l’école militaire de Joinville.

Certains prétendent que la savate et le chausson auraient subi une influence hollandaise et que les marins hollandais auraient eux-mêmes été initiés aux Arts-Martiaux d’Extrême-Orient.
Pour d’autres, ce serait les Japonais qui auraient copié les techniques de combat entr’aperçues lors des rixes entre marins dans les ports.

Toujours est-il que la B.F. est pratiquée dans les clubs sportifs, dans les écoles, dans l’armée, la police et aussi dans la pègre jusqu’à la première guerre mondiale.

Michel CASSEUX fut l’un des premiers à tenter de codifier ces techniques, il fréquentait pour cela les faubourgs et les bals mal famés.
Heureuse symbiose des classes, l’estimé professeur est ici Michel Casseux dit « le Pisseux » qui enseigne aussi Théophile Gauthier, un colosse d’une agilité prodigieuse.
En gilet rouge, il donne la réplique au marquis de Noailles et convertit Eugène Sue à cette « lutte aux armes naturelles. le plus beau développement de la vigueur humaine « . Qui peut servir, quand descendent de la Courtille sabouleurs, francs-mitoux, et autres escarpes de barrières pour passer le bourgeois à la savate, lui « peindre les hublots lui « tirer une pinte de clairet « .
Pour les « aristos » en goguette dans les lieux mal famés, un seul recours : les « terribles coups de la fin  » que milord l’Arsouille enseigne au prince Rodolphe de Gerolstein, le justicier des Mystères de Paris. Mêlant mythe et réalité sur fond de sport national et de moustaches en guidon, la chère savate compte alors plus de 100 000 adeptes et fait la nique à la boxe d’outre-Manche. A une délégation de sportsmen passablement jaloux, Alexandre Dumas explique gravement que « notre boxe, c’est exactement la même chose que la boxe anglaise. Excepté que c’est tout le contraire « .

Pour départager les deux formes de joutes, il fallait bien un premier combat du siècle ».
 » Charlemont trouva la distance au début du deuxième round. Il se déséquilibra en avant et tout Saint-James Hall s’attendit à une droite en contre du champion anglais. Mais Charlemont venait de placer son coup favori. un chassé-croisé à la poitrine et l’Anglais alla s’aplatir contre le mur. Le Français fut rappelé cinq fois dans un enthousiasme indescriptible  » Le reporter du Figaro n’y allait pas avec le dos du chausson en 1888 pour relater l’exploit de ce champion de savate convié au Grand Jubilé de Londres, en présence de la reine Victoria qui le récompensa, paraît-il, d’un mouvement d’éventail.
La suite est moins glorieuse.
L’hécatombe de professeurs pendant la Grande Guerre donne des points à la boxe anglaise et fait oublier que le grand Georges Carpentier était d’abord un champion de savate. Mais la « splendide utopie » de Dumas, cette fusion des poings et du chausson renaît aux années soixante, portée par la vague des arts martiaux exotiques. Plus encore par la foi d’une bande d’amis, attachés à son code d’honneur comme aux vitraux anciens d’une cathédrale à rebâtir. Un champion de l’époque, l’actuel Sénateur de Paris, Bernard Plasait, s’emploie à la sauver de l’imagerie des Frères Jacques et des planches du Larousse 1900. Lifting réussi puisque les profs de gym la mettent partout à leur programme et que les pouvoirs publics la proclament « antidote idéal à la violence ».
Son indice à l’exportation grandit :
trente pays la pratiquent désormais et le préfet de police de Los Angeles, qui la trouve « terribly cartesian  » vient de l’adopter en renfort de la « magnum force ».
 » Jeu hardi, étincelant. plein d’illuminations romantiques « , disait Théophile Gauthier.  » La B.F.  » cogite aujourd’hui comme hier d’autres trouvailles techniques et tactiques, réflexes sur fond de réflexion.

Extrait du Figaro magazine article de Marc KUNSTLÉ – Décembre 1995.

Un professeur de Savate répondant au nom de LE BOUCHER conseillait à ses élèves de se battre le plus souvent possible contre la canaille pour pouvoir progresser.

1940 :
Sous l’effet de la concurrence de la boxe Anglaise professionnelle, la boxe Française savate décline.

1945 :
La B.F. de combat :
Voici cinquante ans naissait la Boxe Française de combat envoyant l’assaut à la touche aux oubliettes.
Maître Lucien Alliot décédé le 28 novembre 1994 à l’âge de 74 ans et qui fut entre autre le premier président du comité National de Boxe Française (1965-1969) et un des artisans de l’autonomie totale de la boxe Française, vis-à-vis de l’organisme gérant les deux boxes, Anglaise et Française, depuis 1903.
Il fut aussi un des pionniers de la renaissance et du renouveau de la B.F. il y a cinquante ans.
Le renouveau de la B.F. :
L’E.N.B., qui fonctionna officiellement de 1941 à 1944 et par la suite officieusement pour la B.F. seule fut créée dans le cadre de la révolution nationale, dont le but caché mais que tout le monde savait était de forger une jeunesse forte… apte à la revanche ! Et cela en stimulant les sports comme jamais par le passé.
L’E.N.B. fut la première école fédérale créée pour la formation des maîtres
et prévôts, tant en pédagogie qu’en anatomie, physiologie, etc., chose qui n’existait auparavant que pour les maîtres de gymnastique de l’état.

Ces  » jalons  » n’auraient pas été suffisants si parallèlement on n’avait pas assisté, dès la libération, à l’envolée du judo-jiu-jitsu qui stagnait depuis son introduction en France en l904 par J. Joseph-Renaud et Régnier formés à Londres (auparavant il y eut une démonstration par deux Japonais dans Le cadre de l’Exposition Universelle de 1900… qui avait fait sourire ) Ce fut, en effet, ce groupe de judokas en l945-46 conscients de la nécessité de pratiquer de la compétition « contact », avec coups, afin de faire de l’amalgame, jiu-jistu plus boxe Anglaise et Française, la … « self-défense suprême » qui fut le moteur de la renaissance et du renouveau de la B.F. et cela en imposant par la pratique à la Commission de la Boxe Française de la F.F.B. avec l’appui de Gaston Prévôt et de Lucien Alliot L’adoption du combat, jugé suivant les règles « anglaises » (étendues à La frappe devant et derrière le corps, « de la racine des cheveux à la plante des pieds ») comme seul mode de compétition en B.F. : Cela sera officiel fin 1946.

La situation en France : Dans le passé, au XIX et début XX siècles il y avait déjà eu, épisodiquement, des assauts courtois (en principe) sans arrêt à la touche (mais sans corps à corps) que l’on appelait « combats », mais aussi sans la recherche systématique du K.O. devenu la règle de la boxe moderne en 1946… L’expansion durera une dizaine d’années, avec le renouveau des Championnats de France de 1947 à l95l (critiqués par les Anciens) l’afflux des judokas (relativement bien sûr) et l’intérêt montré par les Américains qui vinrent tourner des documentaires (projeté aux U.S.A.) ; tout cela aurait pu lui faire prendre dans le monde la place qu’occuperont ses « succédanés » si la polémique entre « Anciens » et « Modernes » (qui n’est pas terminée !) sur la dureté des combats, le manque d’académisme, etc., ne l’avait conduite à plus d’une décennie d’une nouvelle stagnation (1952-65)…

Extrait de « La grande épopée des sports de combat et arts martiaux » de Sylvain Salvini (1994).

1964 :
Création de la boxe Française Savate universitaire. Organisation de compétitions sous l’égide de la FNSU.
1965 :
Après un long sommeil, la B.F. sort de l’oubli dans les années soixante sous une forme sportive et attrayante qui a modernisé les techniques de grand-papa !
Renouveau de la savate, 1er Championnat de France.
1970 :
1er Championnat d’Europe.
1973 :
Création de la Fédération Nationale de Boxe Française Savate.
1976 :
La Fédération Nationale de Boxe Française Savate devient la Fédération Française de Boxe Française Savate et Discipline Assimilées.
1982 :
1er Championnat de France Dames.
1991 :
1er Championnat du monde.